Cela fait trois ans que nous avons fait le choix de laisser nos chevrettes de renouvellement avec leur mère, et miracle, nous voyons déjà les effets positifs sur l'ensemble du troupeau !
Naturellement, nous perdons un peu de lait en début de lactation, c'est à dire jusqu'à ce que les chevrettes atteignent un poids suffisant leur permettant d'être sevrées. Chez nous, c'est aux alentours de 16 kilos.
Le sevrage se fait grâce au « mors à cabri », ce qui n'est ni plus ni moins qu'un mors à cheval en miniature.
Nous perdons donc un peu de lait en début de lactation, mais nous n'avons pas à acheter de lait en poudre et une charge de travail en moins en n'ayant pas à les nourrir tous les jours. Une chose primordiale pour laisser les chevrettes avec leur mère est qu'elles doivent obligatoirement avoir des cornes, sinon, on ne peux pas poser le mors. Par ailleurs, nous trayons indifféremment tout le monde, que ce soit les chèvres à qui on a laissé une ou deux chevrettes, ou les autres.
Les chèvres étant sollicitées tout au long de la journée par leurs filles, elles produisent plus de lait que si on les trayait uniquement deux fois par jour. Concrètement, cette année (2016), lorsque nous avons posé le mors à une dizaine de chevrettes en même temps, nous avons gagné une douzaine de litres de lait. Alors qu'il est certain qu'une chevrette de 15-16 kilos boit beaucoup plus qu'un litre de lait par jour.
Et franchement, la petite perte financière engendrée par ce mode d'élevage est largement compensée par le plaisir de voir les chevrettes bien avec leur mères et vice et versa.
Entre parenthèses, nous tuons nous-même nos chèvres de réforme, pour ne pas leur faire subir les conditions de transport et d'abattage que nous connaissons. Nous les transformons en saucisses et mergez, l'autoconsommation étant encore tolérée.
L'élevage des chevrettes avec leur mères modifie en profondeur la vie sociale du troupeau. Les chevrettes ont des références, elles apprennent à vivre avec les autres, elles sont protégées par leur mère, leur tante, leur clan. Au bout de trois ans, le troupeau est dans l'ensemble beaucoup moins agressif. Des clans se sont formés, la hiérarchie à l'intérieur du troupeau s'établit beaucoup plus sereinement. C'est un vrai bonheur de ne plus voir les primipares se faire lyncher par le troupeau et rester prostrées dans un coin de la chèvrerie.
Un peu de respect pour les animaux qui nous font vivre est la moindre des choses.
Une autre amélioration que nous avons constatée, c'est la meilleure immunité des chevrette sous les mères. Elles sont franchement beaucoup plus belles à 1 ou 2 ans que les années précédentes. Elles sont aussi plus résistantes aux parasites gastro-intestinaux. Nous avons eu des taux de parasitisme impressionnant sans que l'état corporel de nos jeunes chèvres soit impacté (cette année, nous n'avons réalisé aucun traitement chimique anti-parasitaire durant la lactation). Peut-être est-ce aussi dû au fait que nous minéralisons bien le troupeau depuis 6 années. Bref, c'est sûrement le fait d'une conjonction de beaucoup de choses.
L'inconvénient de se type d'élevage est que les chevrettes sont tout naturellement plus sauvages que si on les avait élevées nous même au lait en poudre. C'est aussi un avantage car ça permet de les pousser facilement dans leur enclos, étant donné qu'elles ont un peu peur de nous.
Au début nous séparons les chevrettes de leur mères à chaque traite, d'une part pour simplifier la traite et de l'autre pour que les chevrettes apprennent à manger des céréales, de l'argile... Par ailleurs, il faut prévoir un enclos dédié uniquement aux chevrettes. D'une part pour les séparer quand on le souhaite et de l'autre pour qu'elles puissent aller manger ce qu'on leur met à disposition (excellent foin, argile, céréales, minéraux...) quand elles le désirent. Il faut donc faire un petit passage par lequel les mères ne pourrons pas passer.
Lorsque les chevrettes ont leur mors elles ont plus de mal à téter quand la mamelle de leur mère est pleine que quand elle est vide ou quasiment vide. Nous vous conseillons de poser le mors un soir après la traite, de les laisser séparer des mères pour la nuit et de les rouvrir une heure ou deux avant la traite du matin, pour que le niveau de difficulté soit plus élevé la première fois qu'elles essayent de téter avec le mors. Et pourquoi pas renouveler l'opération plusieurs fois de suite histoire d'assurer le coup.
L'utilisation du mors facilite aussi l'apprentissage des chevrettes pour monter au quai de traite. Du fait que les chevrettes sont parfaitement intégrées au troupeau, on peut en laisser une ou deux avec les chèvres durant la traite, et elles apprennent d'elles même à monter avec les autres.
Le mors à cabris traditionnel est fait d'un morceau de buis taillé (le buis car c'est un bois très résistant et surtout sans échardes) et d'une ficelle qui croise sur le museau et s'attache derrière les cornes.
Vous pouvez trouver ici es 2 principales parties d'un mors très simple d'utilisation (le mors en buis et le serre-câble).
Je ne fournis plus de corde à linge en nylon qui allait parfaitement, car je n'arrive plus à en trouver qui soit non renforcée de câble.
Ce mors est composé d'un morceau de buis, percé de part en part aux extrémités. Grâce à un petit serre câble plat on pourra régler parfaitement le mors, et il sera très aisé de l'ajuster quand on le souhaite.
Une fois votre mors prêt, passez-le déjà derrière les cornes puis ensuite dans la gueule. Cf la photo juste à côté (cliquez pour agrandir).
Vous trouverez aussi une vidéo pour illustrer la pose du mors en suivant ce lien.
Je proposais auparavant les mors à cabri prêts à être posés à la vente. Malgré le succès, je ne propose plus les mors mais vous avez sur cette page toutes les informations pour réaliser vous-mêmes les mors.